Les défis d’Elisabeth Borne, nouvelle patronne de la RATP
La future dirigeante devrait être officiellement nommée mi-mai. Elle était jusqu’ici directrice de cabinet de Ségolène Royal.
Par Lionel Steinmann
La succession de Pierre Mongin, qui a démissionné le mois dernier de la présidence de la RATP pour partir chez GDF Suez, est réglée. Il sera remplacé par Elisabeth Borne, aujourd’hui directrice de cabinet de Ségolène Royal au ministère de l’Ecologie. Ce scénario, évoqué il y a quelques semaines par « Le Monde », a été validé vendredi par la parution d’un arrêté au « Journal officiel » annonçant la nomination d’Elisabeth Borne au conseil d’administration de l’entreprise publique. Dans un communiqué, l’Elysée a confirmé que « le président de la République envisage de nommer Elisabeth Borne en qualité de PDG de la RATP ». Celle-ci sera auditionnée d’ici à quelques jours par les parlementaires, avant que sa nomination officielle n’intervienne en conseil des ministres, sans doute à la mi-mai.
Diplômée de Polytechnique et des Ponts et chaussées, Elisabeth Borne, qui fêtera ce samedi ses 54 ans, connaît bien le secteur des transports. Elle a notamment suivi ces sujets au cabinet de Lionel Jospin, lorsque celui-ci était à Matignon. Elle a ensuite été directrice de la stratégie entre 2002 et 2007 à la SNCF, avant de devenir directrice des concessions chez Eiffage. Depuis un an directrice de cabinet de Ségolène Royal, elle a notamment mené ces derniers mois avec son homologue de Bercy les négociations avec les sociétés concessionnaires d’autoroute, qui ont débouché sur un accord aux forceps il y a dix jours.
Une négociation cruciale pour débuter
Cette expérience ne lui sera pas inutile, même si Pierre Mongin, laisse derrière lui, de l’avis général, une entreprise en ordre de marche. Car les défis ne manqueront pas. Le plus immédiat sera la renégociation du contrat qui lie la RATP avec le Syndicat des Transports d’Ile-de-France (STIF), et qui vient à expiration à la fin de l’année.
Ce contrat détermine notamment le montant des investissements octroyés par la Région pour financer le renouvellement des rames de métro ou la construction de nouvelles lignes de tramway, avec les objectifs à atteindre en contrepartie (sur la ponctualité par exemple). Les discussions étaient programmées pour aboutir en juillet, mais le départ surprise de Pierre Mongin a perturbé le processus.
Maintenir la faible conflictualité
Venant de l’extérieur, Elisabeth Borne devra par ailleurs se faire accepter dans une entreprise dotée d’une forte culture de réseaux, et en comprendre rapidement les clefs et les codes. Selon des sources internes, le rôle que pourrait jouer sur ce plan Emmanuel Pitron, le secrétaire général du groupe, sera déterminant.
Même équation sur le plan social : Pierre Mongin, pourtant marqué à droite, avait su nouer avec les syndicats « des relations marquées par l’écoute et le respect », comme l’a reconnu la CGT, ce qui a contribué à faire chuter le nombre de grèves. La nouvelle patronne devra maintenir cette faible conflictualité. Sa faculté à améliorer la ponctualité du RER A, qui plafonne à 84,8 %, très en deçà de l’objectif de 94 %, sera également regardée de près par les usagers.