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Le nucléaire français se prépare à un scénario Fukushima

L’Autorité de sûreté nucléaire a dévoilé les décisions imposées à EDF. Les équipements devront résister à des séismes intervenant tous les 20.000 ans.

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Par Véronique Le Billon

Publié le 29 janv. 2014 à 20:01

Presque trois ans après l’accident nucléaire de Fukushima, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) vient de publier, pour chacune des dix-neuf centrales françaises, ses prescriptions concernant la mise en œuvre d’un « noyau dur » d’équipements destinés à éviter ou à faire face à un accident nucléaire.

Aboutissement d’un long processus (voir encadré ci-dessous), leurs contours sont connus : il s’agit, par l’installation d’équipements supplémentaires (centre de crise anti-sismique, diesels, appoint d’eau supplémentaire...), d’assurer « une protection ultime des installations vis-à-vis des agressions ».EDF s’y prépare depuis 2012 et a d’ailleurs déjà commencé à lancer des appels d’offres. Mais ces nouvelles décisions « conduiront EDF à retenir des aléas notablement majorés pour les matériels du “noyau dur”, en particulier pour le séisme et l’inondation », indique l’ASN.

Après de multiples échanges avec EDF, l’Autorité de sûreté lui demande que les matériels d’ultime secours soient dimensionnés pour des séismes ayant une probabilité de survenir tous les 20.000 ans. Une démarche différente de celle qui avait présidé lors de la construction des réacteurs : EDF avait alors retenu une marge par rapport au plus fort séisme connu dans les archives dans la zone d’implantation, correspondant peu ou prou à une probabilité de séisme entre 1.000 et 10.000 ans.

L’ASN demande aussi à l’électricien de réviser à la hausse la résistance de ses équipements de secours en matière d’inondation pour les centrales de Gravelines et du Blayais, qui avait souffert lors de la tempête de 1999. Consultées, les associations anti-nucléaires ont notamment pointé la nécessité de prendre davantage en compte le changement climatique.

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Une enveloppe de 10 milliards

Ce durcissement des normes de sûreté pour les futurs équipements a d’ores et déjà été intégré dans les cahiers des charges et les appels d’offres passés, assure EDF, qui estime que le budget ne devrait pas non plus déraper pour les matériels existants (notamment les générateurs de vapeur) qui participeront également au « noyau dur ». Au total, EDF confirme l’enveloppe globale de 10 milliards d’euros que le groupe prévoit de consacrer aux investissements post-Fukushima.

L’électricien doit désormais toute une série d’études à l’ASN, avant la mise en service concrète des équipements, prévue par étapes à partir de cette année (pour la Force d’action rapide) et au-delà de 2019. La mise en œuvre d’équipements matériels ne saurait toutefois suffire, a indiqué lundi le président de l’ASN, Pierre-Franck Chevet, qui rappelle aussi l’importance des « facteurs sociaux, organisationnels et humains » et qui souhaiterait développer les « revues des pairs ».

Notant que les conséquences d’un accident sur une centrale nucléaire en Europe concernerait très probablement plusieurs pays, le président de l’ASN a aussi appelé à une plus grande cohérence. « Nous avons souvent la même appréciation sur la valeur des rejets radioactifs, mais nous n’avons pas les mêmes critères de décision. Cela a été inaudible, cela le serait encore » , a-t-il prévenu, en référence implicite à l’accident de Tchernobyl.

Un long processus

Janvier 2012 : à l’issue des tests de résistance (ECS) post-Fukushima, l’ASN estime qu’aucun réacteur français ne mérite d’être fermé, mais exige des travaux de sûreté complémentaires.Juin 2012 : l’ASN préconise la mise en œuvre d’un « noyau dur » de structures et d’équipements pour résister à des événements « extrêmes ». Les propositions d’EDF sont analysées.Janvier 2014 : l’ASN fixe des exigences complémentaires pour le « noyau dur ».

Retard à l’allumage pour le Fonds des PME

Il y a un an, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, annonçait la création du Fonds de modernisation des entreprises nucléaires. Un fonds de 133 millions d’euros destiné à consolider les PME du secteur, financé majoritairement par le FSI et par EDF. Un an plus tard, le Fonds, passé dans le giron de la BPI, n’a pas démarré. « BPI et EDF devaient se mettre d’accord sur les compétences de chacun et sur qui décide des investissements. Il serait maintenant souhaitable que le premier investissement ne tarde pas », reconnaît un expert du dossier. Un directeur général vient d’être choisi.

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