L’UFE appelle à une transition énergétique raisonnable
L’Union française de l’électricité s’inquiète : le débat national sur la transition énergétique risque d’aboutir à des conclusions trop optimistes, bien loin des réalités économiques et techniques.
Du côté de l’Union française de l’électricité (UFE), on porte un regard sombre et inquiet sur les conclusions imminentes du Débat national sur la transition énergétique (DNTE). "Il y a un problème dans la façon dont le débat a été lancé. La représentation économique est très minimisée et laisse peu de place aux entreprises", lance Robert Durdilly, président de l’UFE. Conséquence, selon l’UFE, les participants se bercent "d’illusions sur un avenir radieux" qui ne prend guère en compte les réalités du marché, les équilibres physiques et les coûts d’investissement. "Il faut lutter contre les idées toutes faites", lâche le président, alors que le débat touche à sa fin dans des conditions houleuses.
Plusieurs sujets préoccupent l’UFE. En particulier, elle s’inquiète de la tendance du DNTE à penser que le facteur 4 (diminution par quatre des émissions de CO2 en 2050) passe par une division par 2 de la consommation d’énergie en France. Arguant que la population française croît (à l’inverse de ce qui se passe en Allemagne) et que le nombre d’équipements électriques des logements augmente, Jean-François Raux, délégué général de l’UFE, affirme qu’ "une diminution forte de la consommation d’énergie ne peut se faire que dans le cadre d’une politique de décroissance".
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sourceL’économie numérique a besoin d’électricité
Il ajoute par ailleurs que "l’électricité est l’énergie de la numérisation de l’économie et de la réindustrialisation" ; deux tendances qui devraient pousser la consommation d’électrons. Selon l’UFE, la consommation liée aux NTIC (Nouvelles technologies de l’information et de la communication) atteindra 17 à 25 TWh par an en 2050, contre 7 TWh en 2012. Quant à la réindustrialisation, rappelons que la consommation d’électricité par les industriels s’est effondrée de 15 TWh en 2008 et n’a regagné que 3 TWh depuis, pour atteindre 480 TWh en 2012.
L’UFE pointe aussi du doigt l’essor des énergies renouvelables alors que la demande d’énergie en Europe décroissait. Cela entraîne des surcapacités, bouleverse le marché de gros, remet en cause la sécurité d’approvisionnement en Europe… "Aujourd’hui, le système dysfonctionne complètement", lance Robert Durdilly. Jean-François Raux confirme : "Quand on regarde la capitalisation de l’industrie électrique, le prix des marchés… tout est dans le rouge." Par là même, l’UFE fait écho à l’appel lancé en mai dernier par les grands énergéticiens européens à la Commission européenne.
La nécessité d’un filtre macroéconomique
Revenant au DNTE, Robert Durdilly met en garde : "Le postulat selon lequel la transition énergétique sera en elle-même porteuse de développement économique et d’emplois est extrêmement dangereux, pourtant il est en train de prospérer. Il faut soumettre les décisions à un filtre macroéconomique."
L’UFE conclut en se méfiant sur une mise en forme orientée des conclusions du débat qui sera faite par le secrétariat général. "Le post-débat va être important. Il faut que l’atterrissage politique soit le plus raisonnable possible." Les recommandations du DNTE seront remises au gouvernement en septembre et une loi de programmation énergétique est attendue pour cet été.
Ludovic Dupin
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